APRIL { ... } 100%

APRIL CAMBERRY

Il fait noir. Je ne sais pas où je suis. Je me rappelle d'Amber qui hurle, de Sean qui se frappe la tête sur les casiers, désespéré, et de... plus rien. Un gros trou noir. Ma main droite me fait souffrir. Mes cheveux me masquent en partie la vue, et je les sens sale. Que s'est-il passé ? Pourquoi est-ce que je suis à terre ? Je me relève, en m'appuyant sur la main gauche car l'autre continue à me faire mal. Une fois debout, j'écarte peu à peu les mèches de mon visage. Pour découvrir des silhouettes, à peine... Puis, quelques voix s'élèvent dans le noir. Et soudain, c'est la panique. Tout le monde parle, tout le monde réalise dans quel merdier on est. Instinctivement, je me mets à tatonner le noir, pour découvrir - je l'espère -, Sean à côté de moi. Mais il n'est pas là. Ce n'est pas lui qui est assit à côté de moi, ce n'est pas ses traits que je sens sous mes doigts. Et ses traits, je dois dire que je les connais. Pour finir, mes yeux s'habituent à l'obscurité ambiante. et je découvre que c'est Carrey, que j'ai tatonné juste avant. Il a l'air paniqué, proche du traumatisme. Je l'observe un moment, puis il finit par me demander.

- April, que s'est-il passé ?

J'aimerais pouvoir te répondre, Carrey. Mais je n'en sais rien. Non, je ne sais pas où nous avons atteri, et je crois bien que j'ai peur.

*******************

Il y a du mouvement, à présent. Beaucoup de monde s'agite, car un rayon de lumière vint de perçer à travers la noirçeur. Est-ce le matin ? Certains se bousculent pour jouir de la clarté, d'autres restent dans le noir, à pleurer dans les bras d'un ami ou seul, simplement. Tous se posent des questions. Je suis appuyée contre un mur, et j'ai la gorge nouée. Carrey est allé retrouvé sa copine, que je ne connais pas. Tous mes amis, où sont-ils ? Beaucoup de gens me connaissent de vue, et semblent surpris, voir choqué, de découvrir une fille telle que moi seule. Moi même je n'ai pas l'habitude de rester sans personne tant de temps. Dans le noir. J'ai peur du noir. Mais je n'ose pas approcher les autres. Que dirait-il de moi ? Ils m'ont tous tant jugés. J'ai beau toujours avoir fait semblant d'ignorer leurs remarques dans mon dos, je les ai toutes entendues aussi clairement que si on me les disait en face. Je suis considérée comme une pute, alors que Sean est moi, ça fait 1 ans qu'on est ensemble. Est-ce parce que tout les mecs fantasment toujours sur moi ? Oui, il faudrait avoir de la merde dans les yeux pour ne pas voir que je suis belle. Et alors, est-ce que c'est de ma faute ? Je me sens si seule.

*******************

Tout le monde parle calmement, en petit groupe. Je ne sais pas avec qui je suis. Des terminales, sans doute. Mais je ne les connais pas très bien. Après tout, j'ai redoublé. On essaye d'y voir clair, se posant à haute voix les questions que personne n'ose formuler. Soudain, des cris retentissent. Tout le monde se retourne vers une fille, qui hurle, la main en feu. Un garçon accoure vers elle et... Jette de l'eau sur sa main. Il a l'air tout étonné. Et tout le monde commence à paniquer. D'où venait l'eau ? Et le feu ? Soudain, d'autres explosions de cris nous parvienne. En un rien de temps, des gens se retrouve à terre, d'autre en l'air, d'autre disparaisse et d'autres encore observe leurs mains, fascinés. Moi ? Il ne se passe rien. Comme certaines peronnes, je regarde autour de moi, effaré par ce que je vois. Sont-ils devenus des mutans ?... La peur m'envahit à nouveau, plus forte, plus incontrôlable. Et soudain, les trois personnes stationnées à côté de moi sont propulsées en arrière. Je sursaute. Un pressentiment monte en moi, s'ajoutant à la panique déjà présente, et deux autres personnes encore proche de moi sautent soudain en arrière. Je me mords la lèvre, consciente que c'est moi qui fait ça, et tente de me calmer. Peu à peu, j'y parviens. Et le recul me permet de distinguer une barrière, presque transparente, m'entourant en cercle d'un diamètre de 5 ou 6 mètres. Suis-je aussi un monstre ? Mais qu'a-t-il bien pu nous arriver ? Je me sens si seule, encore plus qu'avant, derrière cette barrière qui m'entoure et que je ne contrôle pas.

*******************

Nous sommes dehors. Le jour a fini par se lever, et nous sommes tous sortit avec plus de hâte qu'il est possible d'en imaginer. La lumière nous aggressés, puis réchauffés, et enfin, rassurés.
Tout le monde se réjouit déjà de retrouver sa famille, ses amis, de quitter cet horrible manoir dans lequel personne ne sait comment on a atteri. Mais voilà qu'encore un cri retentit, dans le peleton de tête. Comme lorsque j'ai paniqué, quelqu'un est propulsé en arrière. Mais cette fois-ci, je sais que c'est pas moi. Non seulement parce que la fille à côté de moi n'a pas bougé d'un pouce, mais que... je le sais, au fond de mon ventre, dans mes entrailles, dans tout mon corps. Des gens sont figés, semble tatonner un mur invisible, cloués sur place soit par l'horreur soit par un véritable champ de force comme celui que j'ai créé auparavant. Certains partent en quête d'une issue, de quelque chose. Je tente de rassurer ceux avec qui j'ai sympathisé, parce que j'arrive plus ou moins à garder sang froid. Mais au fond de moi, les sentiments bouillonnent. J'ai l'habitude de me soucier des autres, de faire passer mes amis avant moi. Mais où sont mes amis ? Où sont ceux qui savent de moi que je ne suis pas juste une blonde populaire ? Je me sens seule, toujours, encore. Et ce malaise persiste, dans ma tête et dans me coeur.


*******************

Les jours ont passé. Je n'ai jamais cru les gens qui disent avoir muri en quelques heures à peine, mais maintenant je suis bien obligés de le reconnaître. Je ne me contrôle pas, et cela fait de moi quelqu'un de bien moins joyeux qu'avant. Je ris moins, tout le monde rit moins en fait. L'heure est à l'instalation. J'évite les autres, sachant que mes sauts d'humeur entraîne rapidement des bleus irréparables chez les autres. Mes champs deviennent de plus en plus violents, rapide ou grand. J'ai réussi à créer un champ pour quelqu'un d'autre. Une fille qui allait foutre le feu au manoir. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais ça a dû nous sauver la vie. Après ça, les autres ont étés plus gentils avec moi. Je commence à m'y faire. Il y a juste cette histoire, cette histoire de fantôme, qui me dérange. Et même si tout le monde a peu à peu oublié que j'étais dernièrement détestée, beaucoup de gens pensent que je devrais travailler ma capacité nuit et jour, pour nous sortir d'ici. Après tout, ce qui nous retient ici n'est-il pas le produit même de mon 'pouvoir' ? Je ne m'habitude pas à cette idée. Mais bon, ils ont raisons. Je dois être plus forte, plus forte que tous les autres. Je le dois.